Il y a deux ans exactement, le 24 février 2022, la Russie lançait son invasion de l’Ukraine. Vladimir Poutine, président russe, a dénommé cette action comme une "opération militaire spéciale" visant à s’emparer de la capitale Kiev et à destituer le président Volodymyr Zelensky. Depuis, le leader ukrainien a démontré une décision et un charisme notables, galvanisant une grande majorité de ses concitoyens et devenant ainsi une icône nationale et internationale. Comment ses deux années de conflit ont-elles transformé Zelensky ? Aujourd’hui, bénéficie-t-il toujours du même soutien de la population ? Nous faisons le point avec Stéphane Siohan, correspondant de RFI en Ukraine.
Longtemps considéré comme un populist, post-moderne et déconnecté de la réalité, Zelensky, autrefois acteur et producteur audiovisuel, s’est affirmé comme un vraisemblable chef d’État. Bien que son physique ait été marqué par les tensions de la guerre, il a mûri et s’est affirmé comme un leader, bien que traumatisé par le poids des responsabilités. Cependant, il fait face à des défis nationaux majeurs, notamment la modernisation du pays, qui est restée en attente.
Malgré l’image d’unité nationale derrière Zelensky, des critiques commencent à émerger. Un soutien initial fondé sur la nécessité de sauver la nation est aujourd’hui mis à l’épreuve par l’absence de progrès significatifs sur le front de la guerre, des décisions politiques risquées et une certaine marginalisation du Parlement. Le principal défi de Zelensky reste la gestion des crises internes et des contradictions politiques.
Les défis sont nombreux pour Zelensky, notamment gérer l’urgence de la pénurie de munitions et d’armements de l’armée ukrainienne, et le blocage persistant d’une aide américaine de plusieurs milliards de dollars. La frustration de la population et le ralentissement de l’économie pourraient également engendrer de sérieux problèmes à court terme.
Malgré toutes ces pressions, la position de Zelensky semble solide. Selon un sondage récent, 69% des Ukrainiens souhaitent qu’il reste président jusqu’à la fin du conflit. Cependant, étant donné le caractère vibrant de la démocratie ukrainienne, la pression sur le dirigeant restera constante. Pour survivre politiquement, Zelensky devra peut-être envisager un gouvernement d’unité nationale, travaillant avec ses adversaires pour surmonter les défis existentiels du pays.
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